Mon père ce héros, pilote de Spitfire

Le temps passe et les acteurs du dernier conflit mondial s’effacent peu à peu. Mais pas leurs souvenirs. Comme en témoigne Sur les traces d’un pilote de Spitfire. Le destin de Peter. Un document historique consacré à ces jeunes gens devenus pilotes belges au sein de la 349e escadrille de la RAF.
Mais aussi et surtout un bel hommage rendu par un fils à son père. Héros de guerre mais qui, jusqu’à sa mort en 1999, n’a jamais voulu emmener sa famille dans les souvenirs de cette guerre menée dans les cieux.
Grâce au carnet de vol et aux écrits de son père, Philippe Erkes a pu écrire ce livre qui alterne entre album intime et oeuvre de mémoire collective. Pour saluer d’un tonneau de victoire ces pilotes qui ont payé de leurs vies notre libération.

Un ouvrage, richement illustré de clichés historiques, qui débute en novembre 1941. Quand le jeune Pierre Erkes, Anversois francophone, refuse de se plier davantage au diktat de l’occupant nazi. C’est décidé, il va rejoindre l’Angleterre pour devenir pilote. Mais pas seul, son père l’accompagne. La première partie du document témoigne de toute la difficulté vécue par les résistants pour rejoindre l’Angleterre par les voies détournées. Une grande vadrouille qui n’a rien d’une comédie. Un acte d’héroïsme en soi.
Février 1942, le père et le fils débarquent enfin à Londres. Le début d’une nouvelle vie. Dans les services secrets pour le père, dans la RAF pour le fils. Avec le départ pour le Canada pour y suivre une formation de pilote. Bien loin des clichés cinématographiques. Avec un taux de pertes à l’entraînement pour le moins élevé, avec plus de 850 morts. Mais Pierre, devenu Peter dans la RAF, s’accroche. Et obtient ses ailes le 6 août 1943. Plus de 620 jours après son départ d’Anvers.
Le 31 mars 1944 sera une date mémorable pour le jeune Belge, avec l’accès au rêve : s’installer dans un Supermarine Spitfire. La légende. Le sien est un rescapé de la bataille d’Angleterre, un vieux Spit I. Qu’importe, les sensations sont là, rapportées par l’aviateur dans son carnet de vol, reproduit par son fils. Au début de juin 1944, Peter a 22 ans et vole désormais au sein de la 349e escadrille de la RAF. Celle où volent de nombreux pilotes partis de Belgique, eux aussi. Comme le souligne son fils, sur base des notes de son père, « étrangement, il est heureux d’être enfin au feu. Il s’est endurci, est devenu un homme. »
Les missions se succèdent. Des escortes de bombardiers, des bombardements. Mais aussi la tragédie de perdre les amis, un par un. Au point de réduire comme peau de chagrin le cercle des anciens. Des morts subies avec pudeur et le flegme britannique. Chez les pilotes de chasse, le taux de pertes était de 50%. Quant au stress, « il se dit qu’une mission d’une heure valait une dépense nerveuse d’un travail normal de huit heures. »
Un ouvrage qui se lit comme un album de famille, sur les traces d’un parent éloigné. Il nous rappelle pourtant l’importance de qualités qui peuvent parfois nous manquer aujourd’hui : le courage et l’humilité.

Peter Erkes. Un héros discret fidèle à cette maxime britannique du « never explain, never complain. » (ne jamais expliquer, ne jamais se plaindre). Peter? Thanks for the job! « Je n’ai fait que mon job. »

Une critique signée Philippe Degouy

« Sur les traces d’un pilote de Spitfire » de Philippe Erkes est disponible en librairie et sur notre e-shop :

 

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