L’infernal hiver 44 des Ardennais

Décembre 1944, toute la Belgique savoure sa liberté retrouvée. Toute ? Non pas.

Les orages de la guerre frappent de plein fouet l’Ardenne. Avec l’offensive allemande entamée le 16 décembre. Brutale et sans pitié pour les civils ardennais. Un mois en enfer (éd. Weyrich) donne la parole aux derniers survivants de cette terrible bataille des Ardennes, qui a largement débordé de nos frontières. Une refonte de l’ouvrage paru en 2005 et basée sur des émissions d’une télévision locale.

Des témoignages qui laissent le lecteur glacé d’effroi face au drame vécu par cette part de la Belgique alors que la vie redevenait normale à moins de 100 kilomètres du front. Etrange paradoxe.

Une bataille racontée jour par jour par ces témoins, encore enfants en 1944 et marqués à vie. Des récits de situations vécues, illustrés de portraits. Mais aussi de vignettes historiques, de piètre qualité mais qui permettent de situer l’action des combats. Des témoignages entrecoupés par le journal (fictif) d’une infirmière, l’occasion d’avoir un autre angle d’observation.

Une bataille des Ardennes marquée par de terribles combats et la lutte contre deux ennemis : les Allemands en furie et le froid. Celui de cet hiver 1944, vigoureux et neigeux. « Je suis soulagé de ne plus y être à cause du froid et de la misère qu’on a subie. C’est la chose que je retiens le plus : tous ces combats dans ce froid intense » , se rappelle le GI Frank Denisson Jr.

Pour les civils, pris entre deux feux, le plus dur a été de subir les affrontements, avec des villages libérés des Allemands, puis repris peu après. Sans réelle ligne de front fixe. « Une maison du village a changé sept fois de mains entre Américains et Allemands. Ils se sont battus au corps à corps. Un soldat allemand blessé appelait sa maman, puis est mort » raconte André Wangen. « On a réellement vécu un mois dans la terreur, la peur au ventre, par un froid glacial. On rencontrait des blessés partout. C’était un mois vraiment atroce » ajoute Marie-Close Dubru. Deux témoignages parmi d’autres, tous dans la même veine. Marqués par la faim et le froid, la vie dans les ruines ou les caves. Entre promiscuité et cris. Comment ne pas comprendre Albert Pigeon, quand il pose cette question essentielle et sans réponse : « comment est-il possible que des humains se massacrent entre eux comme çà? »

Une bataille officiellement achevée le 28 janvier 1945. La dernière offensive allemande à l’Ouest. Et un ouvrage poignant, indispensable pour mieux comprendre le sort des civils dans un conflit. Comme conclut un témoin, Edith Collard « comment est-il possible qu’on soit sorti d’une bataille comme ça ? »

Quelque 2500 civils ont perdu la vie dans cette bataille des Ardennes. Du fait des combats, des tirs d’artillerie mais aussi du froid et des exactions de la soldatesque nazie et de la Gestapo, ramassis de salauds et de collaborateurs.

Une critique signée Philippe Degouy

« Un mois en enfer »  est disponible en librairie et sur notre e-shop : 

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