Le Prix « La Plume et L’Epée » pour Hugues Wenkin

Hugues Wenkin vient de remporter le Prix « La Plume et L’Epée » pour lequel il a été nominé en 2020 pour son livre De la terreur à la Lune, que nous avons publié en 2019 en co-édition avec l’éditeur français Pierre De Taillac. La remise des prix de la 12e édition du prix littéraire a récompensé deux écrivains civil et militaire, le 14 septembre dernier à l’hôtel du grand commandant à Tours, en présence du général de division Philippe Baldi, commandant la formation de l’armée de Terre, commandant la place de Tours et délégué militaire de l’Indre-et-Loire.

Dans la soirée du 20 juillet 1969, Neil Armstrong foule du pied le sol lunaire. Cet exploit scientifique et technologique n’a été rendu possible que par la capacité des Américains a s’accaparer un savoir-faire technologique développé par le III Reich, celui des armes secrètes V.

Dans son livre primé à Tours, Hugues Wenkin raconte cette incroyable histoire à travers celle de l’ascension d’un jeune savant, Wehrner von Braun, mais aussi celle de la mise en place de la campagne de représailles massives, des luttes intestines entre les Alliés pour récupérer les acquis scientifiques nazis qui conduiront à la conquête spatiale.

Exploitant d’abondantes archives inédites à Londres, à Washington et en France, Hugues Wenkin dresse un tableau complet et fascinant d’un programme scientifique à la trajectoire singulière : de la terreur à la lune. 

  • Hugues Wenkin, vous qui êtes un collaborateur reconnu des plus grands acteurs de la presse historique française depuis 2006, mais aussi du Mook 1944 édité en Belgique, quelle a été votre motivation pour entreprendre ces recherches importantes sur le programme de développement des armes secrètes d’Hitler ?

J’ai pour habitude d’écrire les livres qui manquent dans ma bibliothèque. Ceux qui répondent à une question que je me pose. Pour le coup, en tant qu’ingénieur, je me demandais quels étaient les problèmes techniques que l’ingénieur allemand avait dû résoudre et quelles solutions techniques il avait trouvées. Je me demandais aussi comment fonctionne une telle fusée. J’ai donc traduit en mots simples, en vulgarisant pour que le lecteur comprenne. Je me suis mis dans le rôle d’un traducteur en quelque sorte. Ensuite, le sujet s’est avéré bien plus riche qu’une simple analyse technique. Il m’a véritablement passionné par ses autres aspects.

  • Les armes secrètes de type V mises au point par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale et le programme spatial pour atteindre la Lune développé les Américains, ont un homme en commun : Wehrner von Braun, brillant scientifique, mais dont le parcours n’est qu’un grand scandale. Pourquoi ?

C’est un scandale a posteriori. Il est décédé avant que la polémique n’enfle et oblige les USA à réagir. Von Braun est comme beaucoup de ces bourgeois allemands qui voient dans le nazisme une opportunité d’atteindre leurs ambitions. Celle de von Braun était d’aller sur la lune. Il a utilisé le pouvoir pour obtenir ses percées technologiques. Jusqu’en 1942, il est resté relativement propre. C’est ensuite que les choses se gâtent. Hitler est fasciné par les fusées, comme il l’a été pour les chars quelques années auparavant. Il détecte là une opportunité de mettre à genou l’Angleterre qui lui résiste et a mis en échec toutes les tentatives de la Luftwaffe. En conséquence, il veut frapper fort et a besoin d’un grand nombre de V2. Le problème c’est que Peenemünde est un centre de recherche avec une capacité de production limitée. Il faut produire en grande quantité à l’abri des bombardements alliés. La solution mise en œuvre est d’employer de la main-d’œuvre concentrationnaire dans les tunnels de l’usine souterraine de Dora. Un univers dantesque sans aucune considération pour la dignité humaine. Il est prouvé que von Braun s’est rendu sur place. C’était inévitable. Dans un processus industriel, il est impossible de passer de la phase d’étude à la phase de production en masse sans impliquer les metteurs au point dans les processus d’assemblage. Il était alors trop tard pour le savant, sa compromission dans la mise en œuvre des usines de la mort est avérée. Quand von Braun se rend aux Américains, ceux-ci sont parfaitement conscients du passif du savant. Ils l’emploient d’ailleurs très discrètement avant d’avoir besoin de son savoir-faire dans la course à l’espace. Ils en font un héros national, un héros à qui l’on demande avec l’aide de Walt Disney de vendre le programme spatial US aux enfants américains. C’est, je pense, plus là qu’autre part que réside le côté scandaleux de l’affaire. Les Américains font d’un criminel de guerre opportuniste, un héros de leur jeunesse. Quelle valeur humaniste aurait pu avoir plus d’importance que de gagner la guerre froide ?

  • Outre cette course technologique dont vous faites un récit fascinant, vous analysez la guerre de communication que se sont livrées deux figurent importantes du conflit de 1940-1945 : Winston Chruchill et Joseph Geobbels. Comment la résumer en quelques mots ?

Les fusées allemandes manquaient trop de précision pour pouvoir être utilisées efficacement d’un point de vue militaire. Cependant, elles avaient un potentiel stratégique bien plus grand : celui de frapper l’imagination de la population de l’adversaire, de la terroriser par cette puissance brute et aveugle qui peut les frapper n’importe où et n’importe quand. Bien entendu, Goebbels va parfaitement comprendre la chose et utiliser ces atouts pour d’une part tenter de pousser la population anglaise à capituler et d’autre part montrer à la population allemande que le III. Reich rend coup pour coup. En face, Churchill l’a très bien compris. Au courant des développements depuis 1942, le Premier ministre britannique a peaufiné la défense de l’île et a réussi à mettre en échec l’impact des armes V. Les deux politiciens se répondent dans leur discours par une guerre de la communication qui est d’une actualité surprenante.

« De la terreur à la lune » de Hugues Wenkin est disponible en librairie et sur notre e-shop :