Chasseurs ardennais, ces héros de mai 1940
Une critique signée Philippe Degouy
Le cadre : les épaisses forêts d’Ardenne. L’époque : le 10 mai 1940. Jour J pour le baptême du feu de ces jeunes Chasseurs Ardennais arrachés à la vie civile pour défendre la Belgique, mais aussi leur région. « Et ce n’est pas un Allemand qui fera la loi chez eux. »
De rudes combattants, personnages centraux du nouvel ouvrage de l’historien local Hughes Wenkin, Sur les traces des Chasseurs ardennais (éd. Weyrich). Un document historique dont la lecture laisse deviner toute l’émotion ressentie par l’auteur lors de son écriture. Et qui infirme également certaines idées reçues sur l’armée belge de mai 1940. De nombreux soldats se sont battus comme des lions. Comme les Chasseurs ardennais. « Fiers dans la bataille, ils ne demandaient pas la guerre mais simplement à vivre en paix dans leur vieille Ardenne. C’est par leurs pâtures et leurs champs que l’envahisseur allemand viole notre frontière » explique l’auteur. Une agression qui ne s’est pas déroulée sans accuser les coups portés par ces jeunes combattants bien équipés et bien entraînés. Fins connaisseurs de cette région choisie par les Allemands pour enfoncer le front allié.
Tout au long des combats menés, les Chasseurs ardennais feront honneur à leur devise : Résiste et mords. En cette journée du 10 mai 1940 dont il est question dans ce volume, ils vont imposer leur volonté à un ennemi supérieur en nombre et en matériel. Certes, mais surpris par la mobilité de l’adversaire, équipé de vélos et de motos.
Après un chapitre destiné à relater les origines des Chasseurs ardennais et leurs spécificités, proches de celles des forces spéciales actuelles, Hughes Wenkin plonge ses lecteurs au coeur des combats. De Martelange à Bodange en passant par Bastogne, ville où les CA ont tenu tête aux Allemands, quatre ans avant les paras de la 101e AD américaine. Un récit ponctué de nombreux clichés inédits et de témoignages de combattants. Défaits au bout de combats coûteux en pertes humaines, les survivants vont former le noyau de la future brigade Piron en Angleterre ou devenir les maquisards agressifs tant redoutés à l’automne 1944 par les Allemands en pleine retraite.
Hugues Wenkin conclut son étude sur les raisons qui ont impacté le résultat de leur lutte menée lors de cette campagne des 18 jours. Preuve de leur efficacité sur le théâtre des opérations, les Allemands vont en permanence surévaluer les effectifs des Chasseurs ardennais.
Outre la présence des articles, remis à jour, parus dans le magazine Batailles et Blindés (éd. Caraktère), l’ouvrage propose le traditionnel road book. Ce bonus présent dans tous les ouvrages historiques de l’éditeur et qui permet de se replonger sur le terrain, sur les traces de ces combattants belges. Un rallye historique qui permet également de profiter des magnifiques paysages de la région.
Un ouvrage consacré aux Chasseurs ardennais, forcément incomplet, qui en appellera d’autres. Pour compléter cette histoire passionnante où se retrouvent des personnages devenus célèbres après guerre. Comme Maurice Leblanc ou Haroun Tazieff. Mais ceci est une autre histoire, qui ne manquera pas de mordant.
Philippe Degouy, 30/5/21 :
« Sur les traces des Chasseurs ardennais » de Hugues Wenkin est disponible en librairies et sur notre E-shop :
