La Seconde Guerre mondiale en mook et en blog – La Libre Belgique (mercredi 23 janvier 2019)
Weyrich, l’éditeur belge qui monte, ouvre de nouvelles voies à la recherche historique.
Comment la Belgique officielle va-t-elle célébrer en septembre et en décembre prochains deux anniversaires aussi décisifs pour la suite de l’aventure démocratique du XXe siècle que la libération de la Belgique et la bataille des Ardennes? Les vétérans du combat pour le devoir de mémoire sont déjà pour le moins circonspects, se souvenant des célébrations souvent “petit braquet” de 1994 et 2004… Dieu merci, l’honneur pourrait encore être sauvé par les artisans de la transmission du passé que sont les maisons d’édition.
Parmi elles, Weyrich, l’éditeur chestrolais, prend déjà une “ardeur d’avance” très luxembourgeoise … Ces derniers mois, Olivier Weyrich et son équipe s’étaient déjà imposés dans la production et la diffusion de livres d’Histoire ; l’entame de l’année du 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’éditeur a franchi un pas supplémentaire en s’associant au Bastogne War Museum pour inviter les passionnés du passé à marquer dans la longue durée les événements d’alors. Et cela par une approche on ne peut plus contemporaine puisqu’il s’agit d’un mook… à la fois donc livre et magazine qui se complète d’un blog qui bougera au gré de l’actualité et qui suscitera le débat.
L’objectif est ambitieux … Comme le souligne l’historien Elie Barnavi, le directeur scientifique de Tempora qui gère le Bastogne War Museum, “il s’agit en effet de présenter aux lecteurs les derniers acquis de la science historique concernant la Seconde Guerre mondiale. Destiné au plus large public possible, il n’en est pas moins intellectuellement et professionnellement exigeant”. En clair : une popularisation de l’Histoire qui ne sera pas synonyme de pipolisation”…
Un comité scientifique a été constitué autour d’Olivier Weyrich avec deux spécialistes de la guerre dans la région, Hugues Wenkin et Mathieu Billa, auteurs récents de plusieurs ouvrages de référence, et notre confrère Jean-Paul Marthoz, auteur de divers ouvrages sur les relations entre la politique et la guerre. Ils se doublent d’experts reconnus dont Franck Rodenbrod du Musée national d’Histoire militaire de Diekirch ou encore Luc De Vos (Ecole royale militaire et KU Leuven) dont les travaux sur les conflits ont aussi fait date ici et ailleurs.
Une belle brochette de connaisseurs pour accompagner des analyses nouvelles sur le dénouement de la Seconde Guerre mondiale.
Le premier numéro du mook 1944 qui sera semestriel rappelle le sacrifice des hommes qui ont sauvé Bastogne.
Descente sur le terrain
Leur résistance fut réellement héroïque. Car sans eux cet endroit éminemment stratégique aurait été occupé par les Panzers avant que la 101e Airborne Division n’ait eu le temps de se déployer. Un sujet fort pour le premier numéro d’une série…
La richesse de Bastogne à la veille du choc est que les différents chercheurs sont retournés sur les lieux du combat. Cela afin de pouvoir éclairer les zones d’ombre et pour comprendre la motivation des ordres donnés. Une bonne manière aussi de confronter les points de vue à la lumière de sources primaires peu ou pas employées auparavant. Le résultat est à la mesure des attentes car il en émerge un éclairage nouveau sur les quatre jours cruciaux pour la victoire alliée.
Christian Laporte
La Libre Belgique, Arts Libre, p.33, mercredi 23 janvier 2019