La nouvelle collection 1944 « Bastogne » : c’est passionnant dès le premier tome

La nouvelle collection 1944 « Bastogne » : c’est passionnant dès le premier tome !

« Mille pages, cela permet d’aller très en profondeur »

Hugues Wenkin, pourquoi raconter une nouvelle fois la Bataille des Ardennes ? Septante-cinq ans après ces événements douloureux, n’avait-on pas fait le tour de la question ?
Cette question revient très souvent et c’est logique, depuis le temps qu’on parle de la Bataille des Ardennes. C’est oublier un peu vite que l’écriture de l’Histoire répond à une motivation qui est souvent politique, en particulier juste après les faits. Dans le cas de la Bataille des Ardennes, c’était très clair du côté américain. Revenir sur l’analyse avec une vision plus neutre, c’est construire une autre vision. C’est un énorme chantier passionnant.

Le mook 1944 a rassemblé une nouvelle équipe de chercheurs qui ont entrepris une nouvelle lecture des événements liés à la Bataille des Ardennes. Qu’est-ce que votre nouvelle collection de livres consacrés à Bastogne offre à découvrir de plus ?
Tout simplement tout ce qu’on n’avait pas eu la place de mettre dans le format du mook. Il y a tant d’aspects qui n’avaient pu être abordés. Je prévois de publier cinq ouvrages de deux cents pages sur la bataille de Bastogne. Mille pages, cela permet d’aller très en profondeur. 

Vos publications se distinguent par une grande richesse iconographique, c’est aussi une caractéristique de vos publications, comment travaillez-vous pour exhumer une telle documentation ?
J’emploie des chercheurs américains qui retournent les piles de photos à Washington. Je ne leur donne pas un n° de photo, mais une unité, un nom de village et une date. Ils sortent donc des photos nouvelles qui n’avaient jamais été publiées. Il y a aussi des archives polonaises et anglaises qui n’ont que très peu été utilisées et que nous mobilisons. Notre grand atout est aussi notre collaboration avec les musées de la bataille qui nous permettent un accès dans leurs photothèques. Le tout donne un cocktail assez rafraîchissant.

On aurait pu penser que plus on s’éloigne de la bataille proprement dite, plus la vérité serait compliquée à cerner, mais il semble que c’est tout l’inverse. Qu’est-ce qui explique cela ?
Essentiellement, c’est la diminution de la sensibilité politique des informations. Avec le temps, des informations capitales sont déclassées. Et donc une certaine vision peut émerger en même temps qu’une autre disparaît, celle des témoins directs. Aujourd’hui, la Bataille des Ardennes entre dans sa phase d’historisation. Elle se détache d’une vision parcellaire (celle des témoins) et de son écriture politique (celle donnée par les organismes officiels).

 
Par exemple, le dossier expliquant pourquoi le programme Ultra n’a décodé aucun message allemand lors de la phase préparatoire à la bataille n’a été déclassé qu’en 1984 et encore de manière très discrète, sans la moindre publicité. Je l’ai découvert pratiquement par hasard en allant à la pêche dans des milliers de pages de documents. Cela pour cacher cet échec et aussi l’existence du programme Ultra qui est restée aussi secrète très longtemps. Les premiers rédacteurs ont préféré parler de silence radio total. Ce qui était en partie vrai jusqu’en novembre et les deux derniers jours avant l’assaut. Mais entièrement faux pour la programmation des mouvements de troupes. C’est édifiant.

Est-ce que vous promettez à vos lecteurs d’être encore surpris ? De faire de nouvelles découvertes ?
Oui, sans aucun doute, dès que je me pose une question et que j’investigue, je me rends immédiatement compte qu’on nous a raconté une histoire plus tôt que l’Histoire. Les Américains restent très fort dans le story telling, faire passer une idée en racontant une histoire. Donc, des surprises, il y en a presque dans chaque tiroir. Avec le temps, des informations capitales sont déclassées. Et donc une certaine vision peut émerger en même temps qu’une autre disparaît, celle des témoins directs.

Le premier tome de la nouvelle collection « Bastogne » : La percée allemande, signé par Hugues Wenkin ouvre une série de cinq volumes inédits.

Le premier tome est disponible en librairies fin novembre 2020 et en précommande dès à présent sur le site de l’éditeur Weyrich :