SS not Good ! Un résistant belge témoigne

SS not Good ! Un résistant belge témoigne

Interview de M. Edmond Leroy, propos recueillis par Philippe Carrozza. (Photo ©P. Carrozza)

Chef de 493 agents répartis dans les cantons de Nassogne, Wellin, Saint-Hubert, Tillet et Lavacherie, Edmond Leroy originaire de Nassogne est décédé en 2014 à l’âge de 92 ans. Il était un des responsables d’un groupe de la Résistance appartenant au Mouvement national belge pour le Luxembourg. Mais pour ses collaborateurs, Edmond n’existait pas. Ils avaient tous affaire à « Monsieur François ». Civil en 1940, il termine la guerre avec le grade de capitaine !

Le MNB est mis en alerte

Comme tous les réseaux de la Résistance, le Mouvement national belge était à l’écoute de Radio Londres. Ses membres savaient que le Jour J, jour du débarquement, leur serait annoncé par la phrase Marius navigue bien. Monsieur Leroy se souvient : Cette annonce est arrivée à la fin de l’année 1943. Cela sentait le roussi pour les Allemands. Nous devions nous tenir prêts à un événement spécial. On nous a dit d’attendre notre mission. Quand le débarquement a eu lieu, beaucoup d’hommes voulaient en découdre, mais il fallait attendre les ordres.

Pendant l’été 1944, la résistance va recevoir deux missions distinctes. La première consiste à participer à l’isolement du champ de bataille. Il s’agit de perturber au maximum les lignes de communication allemandes pour gêner l’envoi de renforts et de ravitaillement sur le front normand. Il s’agit essentiellement de missions de sabotage. Visiblement Monsieur Leroy n’a pas véritablement conscience de l’impact qu’ont eu ces destructions sur la bataille. Nous avons dérobé du TNT dans des carrières. On avait envisagé de saboter la ligne de chemin de fer Arlon-Namur ; nous avons attendu la fin de la guerre pour faire sauter la voie à hauteur de Lamsoul, entre Jemelle et Forrières. Mais ces sabotages ne servaient pas à grand-chose.

Mook 1944 - Weyrich EditionLa seconde mission débute avec l’arrivée imminente des troupes américaines. La zone ardennaise qui nous intéresse particulièrement ici couvre la portion de territoire belge sur la rive droite de la Meuse. D’un point de vue opérationnel, cette zone a très tôt une importance particulière aux yeux des responsables belges de la Résistance. Ceux-ci estiment que des groupes de combattants pourraient facilement se cacher dans les massifs forestiers de cette région. De là, ils disposeraient d’une base idéale pour mener des actions offensives sur l’arrière de troupes se défendant sur le fleuve et ouvrir le passage au moment voulu aux assaillants. Pour cette raison, les maquis ardennais vont être organisés pour mener des actions de guérilla sur trente-deux itinéraires identifiés et notamment pour organiser des sabotages. Les penseurs de l’Armée secrète avaient donc très correctement anticipé le déroulement des opérations. Un plan savamment pensé se met donc en route dès le mois de juin pour désorganiser la défense de la région. Les ordres donnés sont clairs : il s’agit de créer dans les Ardennes une situation de guérilla pour empêcher un redressement des troupes germaniques sur la Meuse. Dans le cadre de cette mission, les combattants de M. Leroy font prisonniers quatre Allemands à la fin du mois d’août 1944 :

Il s’agissait de trois soldats qui étaient heureux de voir la guerre se terminer pour eux et d’un SS. Une sorte de sale type qui, et on ne le savait pas au moment de son arrestation, avait participé activement à des massacres à Oradour-sur-Glane, près de Limoges (France). Nous l’avons ramené blessé au camp de Mormont. Le SS a essayé de s’évader. Il était très dangereux. M. Leroy a décidé alors de l’enfermer dans une étable sans fenêtre. Quand les troupes américaines sont arrivées, les hommes lui ont remis les prisonniers. Les GI’s ont emmené les trois soldats en disant “ eux prisonniers. Par contre ils disaient du SS : “ not good, not good ”. Ils l’ont attrapé et quelques minutes plus tard, nous avons entendu claquer un coup de feu dans le bois. C’en était terminé pour lui.

[…]

Retrouvez la suite de ce témoignage exceptionnel dans 1944. La Libération : De la Normandie aux frontières du Reich.
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